Currere post lucem (courir après la lumière)

Silvi Simon
x Wilfried Uhring
_Laboratoire ICube · 2022

Grilles du Jardin Botanique
Face au 46, bd de la Victoire
67000 Strasbourg

Impression numérique sur dibond

« Currere post lucem » revient aux origines du mouvement en photographie.
En invoquant le principe du zootrope – jouet optique ancien – et en convoquant comme sujet ce qui fonde la photographie – la lumière – elle trace une « ligne de temps ». Réalisée grâce à l’utilisation d’une caméra ultra-rapide, à partir de 335 images prises toutes les 10 picosecondes, soit 0,00000000335 secondes, l’œuvre se lit à plusieurs vitesses. Le piéton la découvre image par image quand depuis le tram, elle se met en mouvement.
Cette impression de 41 mètres représente une durée de 3 milliardièmes de seconde. À cette échelle, il faudrait faire 341 fois le tour du monde pour représenter 1 seconde. 

La collaboration avec Silvi Simon vue par Wilfried Uhring

La vitesse de la lumière est une constante universelle et aucun transfert d’information ne peut dépasser cette limite ultime. Pouvoir observer la lumière se déplacer est un donc un challenge technique et scientifique qui permet à l’esprit humain de mieux comprendre le comportement de la lumière et son interaction avec la matière. Dans ce but, nous avons développé au laboratoire ICube une caméra capable de prendre l’équivalent de 100 milliards d’images par seconde. L’intervalle de temps entre deux images n’est donc que de 10 ps, soit 10 millièmes de milliardième de seconde durant lesquels la lumière ne se déplacera que de 3 mm dans l’air. Travailler avec Silvi Simon avec notre caméra était très enrichissant, car les points de vue de l’artiste et du scientifique sont très différents. L’artiste n’a pas peur de créer des conditions expérimentales non maîtrisées pour obtenir des images « intéressantes » de son point de vue, mais absolument inexploitables, car trop complexes pour le scientifique. De l’autre côté, le scientifique préfère travailler dans des conditions expérimentales spécifiques lui permettant d’obtenir des images « intéressantes », car plus interprétables de son point de vue, mais moins exploitables pour une approche artistique. Cela dit, sortir des sentiers balisés par les protocoles expérimentaux favorise la sérendipité et l’interaction avec Silvi Simon nous a amené à créer des séquences d’images illustrant des principes physiques jusqu’alors jamais directement observés sur la diffusion des photons dans un milieu turbide.

La collaboration avec Wilfried Uhring vue par Silvi Simon

La lumière fait aussi partie de mon travail. Naturelle ou artificielle, elle se manipule et offre des possibilités infinies. Elle touche, traverse, modifie tout en restant insaisissable. Elle va si vite qu’elle paraît immobile.
Échanger avec des chercheurs spécialisés dans l’optique à propos de la lumière, c’est tellement vaste et ils sont tellement précis chacun dans leur domaine, que c’est à chaque fois ultra satisfaisant. Souvent le langage n’est pas le même et il faut un temps d’adaptation, mais une fois ce cap passé, les discussions fusent et les minutes défilent. C’est dense et très appétissant. Chercher à appréhender les choses de différents points de vue, comparer, aller au fond, tester, manipuler, utiliser, transformer, essayer, répéter, construire… inventer et créer cela se ressemble beaucoup. On sent la passion dans nos recherches, un peu l’obsession. C’est le regard et l’utilisation au final qui est différent.

Artiste


Silvi Simon

Contributeur(s)


Wilfried Uhring