Palais Universitaire
Salle 27
9, place de l’Université
67000 Strasbourg
Horaires : Lundi-vendredi · 8h-20h / Samedi : 8h-12h
Corpus d’œuvres interconnectées
Dispositif projection+son+détecteur de mouvements
En collaboration avec Thomas Maugey – Inria (Traitement du signal + Vidéo Lux), Studio Cheval vert (design digital + appli), Jean-Baptiste Saint-Paul (design sonore)
Projet soutenu dans le cadre de la commande nationale Image 4.0
du Centre national des Arts Plastiques (CNAP)
Le projet aRZa~ propose une expérience globale à partir d’un signal prélevé au sein de la matière par un microscope à effet tunnel.
Traduction binaire d’un phénomène physique, le signal entretient un lien avec la photographie comme médium d’enregistrement, à la différence importante que le signal peut être traduit ou transcrit sous différentes formes : sonore, lumineuse, visuelle.
Ici, les œuvres vibrent de concert : en lumière, en son, en image mouvante, elles ont la capacité de faire vibrer un espace, d’en transformer la perception ou encore d’agir sur la lumière…
aRZa~ s’articule autour de trois dispositifs : Lena, Kontakte et Albe qui se répondent et tentent de créer une expérience sensible de l’invisible.
LENA
Lena est l’archive la plus importante de l’histoire du traitement d’image numérique. Fragment d’un poster du magazine Playboy de 1972, cette photo d’une femme dénudée est devenue un standard industriel et scientifique utilisé, entre autres, comme image test pour tous les algorithmes de filtrage ou de compression.
L’image hybride, née de la fusion de l’image Lena et du signal de Ag(111) crée une forme labile que la vidéo interactive fait fluctuer au gré des interactions avec le public.
Cette vidéo questionne la structure de l’image numérique, en créant une interférence entre une image iconique du traitement d’image et les signal de Ag(111), ce geste pour l’artiste est perçu comme une attaque de l’argentique sur le numérique en référence à l’évolution des techniques photographiques.
KONTAKTE
Kontakte est une installation sonore liée à la projection Lena, les sons diffusés sont des retranscriptions du signal Ag(111), transposés dans le domaine audible. La présence des spectateurs déclenche des modulations sonores.
S’inspirant d’une pièce musicale de Karlheinz Stockhausen, cette œuvre a été pensée comme une pièce sans début ni fin.
Selon Mustapha Azeroual cette œuvre propose de considérer la musique comme élément constitutif de l’espace, indissociable de ce dernier. La dimension sonore dans l’installation aRZa~ contribue à la dimension immersive de ce projet sur l’invisible.
ALBE
ALBE est une œuvre lumière, qui consiste en une retranscription lumineuse du signal de Ag(111), la forme imaginée est une aura de lumière mouvante produite par des écrans orientés face au mur. aRZa~ a été pensé comme un projet immersif, questionnant la perception, c’est par le biais du signal, élément constitutif de tout ce qui est numérique que ce projet se déploie et prend des formes aussi variés que la lumière, le son ou encore l’image.
La collaboration avec Mustapha Azeroual vue par Jean-Pierre Bucher
J’ai rencontré Mustapha Azeroual dans le cadre du projet Supplementary Elements*, lors d’une visite organisée à mon labo. J’ai eu l’occasion de lui parler de notre approche scientifique et de lui montrer quelques-uns des résultats obtenus avec nos instruments. Nos images d’atomes et de molécules sont fascinantes à plus d’un titre, mais je sentais bien que pour Mustapha il manquait quelque chose.
Plusieurs semaines après cette visite, en vacances dans le sud, je réfléchissais à la possibilité d’exploiter d’autres données. Je me suis souvenu que les signaux enregistrés lors du traînage d’une molécule au moyen d’une pointe du microscope produisaient des fréquences dans le domaine audio ; et que ceci pouvait être exploité par un artiste (mais aussi par un scientifique). J’en ai fait part à Mustapha dans un mail et la réponse ne s’est pas faite attendre : il était enthousiaste à l’idée de réaliser une pièce sonore.
De retour de vacances, j’ai immédiatement testé mon idée. J’ai commencé par me démener avec des formats de fichiers exotiques fournis par notre instrument, puis j’ai installé un logiciel de traitement du son(1) sur mon ordinateur. Après ajustement de la ligne de base, filtrage, dilatation, etc… de mon signal, j’ai obtenu le « son » que fait une molécule lorsqu’on la traîne sur les rugosités atomiques d’une surface d’argent. C’est ce signal en fichier Wav que j’ai envoyé à Mustapha, assorti d’une série d’images de molécules et de surfaces obtenues avec notre microscope.
Il y a eu beaucoup d’échanges entre nous durant la genèse de ce projet, d’autres captations et d’autres images. J’ai répondu à beaucoup de ses questions, qui étaient pour moi autant de témoignages de sa curiosité des phénomènes physiques. La suite est le résultat de sa propre démarche artistique à laquelle je n’ai pas participé. Il en a fait un corpus d’œuvres interconnectées, sonores et visuelles, qui réagissent à la présence des visiteurs. Je trouve ce dernier aspect particulièrement attrayant, c’est un peu comme si à travers l’œuvre de l’artiste on interagissait avec le monde atomique et moléculaire. L’idée que l’observateur est un acteur de la nature est un concept cher aux physiciens. Finalement, est-ce bien vrai, le monde continuerait-t-il d’exister s’il n’y avait personne pour l’observer ?
(1) Audacity : logiciel en libre accès.
La collaboration avec Jean-Pierre Bucher vue par Mustapha Azeroual
Ma collaboration avec Jean-Pierre Bucher m’a conduit à mener une réflexion sur le signal (élément constitutif de tout ce qui est numérique) ce travail est vraiment né de ma rencontre avec Jean-Pierre Bucher et de sa proposition de me confier un élément lié aux mesures réalisées avec son microscope à effet tunnel, le signal que m’a confié Mr Bucher est une conséquences de ses mesures mais il s’agit d’une donnée inexploitée habituellement : « a supplementary element » ! Cette collaboration fut très enrichissante pour moi et m’a permis d’explorer des champs pouvant paraitre éloignés de ma pratique artistique mais finalement pouvant entrer en résonance avec cette dernière.
J’ai eu la chance durant le projet Supplementary Elements*, de rencontrer nombre de scientifiques, extrêmement pointus dans des domaines plus ou moins proches des questionnement de ma pratique artistique, les échanges menés avec l’ensemble de ces scientifiques ont nourri ma pratique et ont donné naissance à des désirs de création que j’espère pouvoir réaliser lors de nouvelles collaborations.