Low Space Oddity : Milky way

Lionel Bayol-Themines
x Sébastien Derrière
_Observatoire astronomique de Strasbourg · 2022

Patio
22, rue René Descartes
67000 Strasbourg

Horaires : Lundi-vendredi · 7h30-20h

Impressions transparentes sur verre acrylique 190 x 120 cm
Sources: Centre de Données astronomiques de Strasbourg (CDS), Aladin

Plusieurs sources de télescopes utilisant des longueurs d’ondes différentes (ondes radio, rayon X, Gaz line, infra rouges, optique).
Comme avec la projection Mercator pour un planisphère, représenter à plat la voûte céleste nécessite d’utiliser une projection. L’ensemble du ciel peut alors se trouver représenté sous forme d’un « œuf ». Reprenant ce principe, « Milky way » propose une réinterprétation poétique de la représentation du paysage céleste.

LE PROJET LOW SPACE ODDITY
associe de manière transversale l’équipe de recherche du Centre de Données astronomiques de Strasbourg, de l’Observatoire Astronomique de Strasbourg (CDS), via la plateforme Aladin et des images glanées sur le net. Ce projet propose une expérience spécifique autour de la représentation de ces espaces, nouveaux paysages spatiaux.

Qu’est ce qu’un paysage aujourd’hui, à l’heure où de nouveaux outils permettent la captation d’images du ciel profond, où des sondes sont envoyées au plus prêt des corps à étudier, où l’utilisation de l’intelligence artificielle modélise par le calcul informatique ces nouveaux espaces ? Ces données, sans cesse augmentées, peuvent-elles donner lieu à de nouvelles formes de représentation du territoire spatial ? Quels rôles jouent les algorithmes et les outils d’analyse et de reconstruction dans la fabrication de ces nouvelles réalités ? Comment ces images issues du calcul d’une IA, se superposent aux images dites « réelles » fabriquées par un opérateur et finissent par synthétiser de nouvelles perspectives de représentation ?

Low Space oddity interroge les flux de données issues des images captées par des télescopes et des sondes dédiées à l’exploration spatiale au travers de différentes plateformes ou interface dédiées au stockage de ces images (Aladin, Google Earth, Nasa Eyes …). L’ensemble des images qui constituent ce projet est fait par le prisme de la capture d’écran, (pratique pauvre de la photographie).
Low space oddity nous interrogent sur le régime de la vraisemblance de ces nouvelles photographies, sur leur matérialité et leur capacité à documenter ce nouvel espace. 
À rebours de la vision euclidienne traditionnelle caractéristique du monde occidental, ce projet questionne le « paysage » en tant que construction culturelle et explore sa complète remise en cause par le numérique et les nouvelles techniques de captation et de modélisation.

La collaboration avec Lionel Bayol-Themines vue par Sébastien Derrière

Obtenir une image complète du ciel nécessite d’effectuer des observations depuis plusieurs sites d’observation sur Terre, ou bien d’observer depuis l’espace. Selon le type d’instrument, les longueurs d’ondes d’observation et la sensibilité attendue, la collecte de l’ensemble des données peut nécessiter plusieurs années, et des milliers, voire des millions d’images individuelles. Représenter à plat une mosaïque de l’ensemble de la voûte céleste nécessite d’utiliser une projection, comme la projection Mercator pour un planisphère par exemple. Dans les projections Hammer-Aitoff ou Mollweide, l’ensemble du ciel se trouve représenté sous forme d’un « œuf », traversé par l’émission des sources situées à l’avant-plan, dans notre Galaxie, la Voie Lactée. La technologie HiPS (Hierarchical Progressive Surveys), développée par le CDS pour manipuler de gros volumes d’images astronomiques, permet d’appréhender les observations d’une mission sur l’ensemble du ciel, pouvant représenter plusieurs téraoctets de données, et de récupérer les détails de n’importe quelle région à pleine résolution grâce à l’atlas interactif Aladin.
C’est très enrichissant pour un chercheur de discuter et de partager des données avec un artiste comme Lionel. L’œil de l’artiste apporte une perspective nouvelle sur les données scientifiques, et une utilisation iconoclaste des outils du chercheur. Quand l’astronome va tout faire pour éliminer le bruit de mesure, homogénéiser les données ou s’affranchir des limites instrumentales, l’artiste va au contraire chercher la texture, forcer le contraste et sublimer le côté esthétique des imperfections. Quand l’astronome adopte une projection du ciel sur une surface plane en minimisant les distorsions, l’artiste se joue des systèmes de coordonnées pour voir un œil ou un œuf cosmique.
Et les besoins de Lionel d’extraire de nos bases de données des images de grandes dimensions à haute résolution rejoignent les demandes de certains collègues. Nous avons ainsi mis au point un service qui permet aujourd’hui d’exporter plus facilement de grandes mosaïques à partir des collections d’images disponibles au CDS.

La collaboration avec Sébastien Derrière vue par Lionel Bayol-Themines

Scientifique de formation, je suis très sensible à cet espace de recherche et l’invitation d’Émeline Dufrennoy et du Suac a été pour moi l’opportunité de travailler sur un projet Arts /Sciences et d’explorer les enjeux d’une recherche artistique par le prisme des images produites par la science.
Dans un premier temps j’ai pu rencontrer des laboratoires de recherche comme le CDS (Centre de Données astronomiques de Strasbourg), Icube (laboratoire des sciences de l’ingénieur, de l’informatique et de l’imagerie), l’IPCMS ( microscopie électronique à effet tunnel) ou l’IPHC (recherche sub atomique) avec qui j’ai pu échanger tant sur l’objet de leur recherche sur un plan théorique que sur les images générées par leur travaux. Ces laboratoires m’ont passionné et j’aurais aimé pouvoir travailler avec chacun d’entre eux.
J’ai dû faire un choix et ai souhaité travailler avec le CDS car j’avais déjà commencé un projet (Low Space Oddity) qui proposait une recherche autour de la construction du paysage spatial à partir d’images glanées sur le net. L’accès aux bases de données du CDS m’a permis de développer, d’enrichir et de croiser mes différentes sources et de mêler images scientifiques et images de vulgarisation. J’ai pu ainsi envisager un dialogue entre elles en les dé-contextualisant et proposer un autre regard sur ces nouveaux paysages, sur ces nouvelles cartographies.
Cette expérience m’a amené aujourd’hui à souhaiter poursuivre des projets Arts /Sciences et à explorer l’espace de la recherche scientifique et de sa production d’image.